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Il était une voix Marc Cassot : BilbMon, Dumbledore, Paul Newman  (partie 1)

Aujourd’hui, il était une voix reçoit un comédien de légende Marc Cassot, ce formidable acteur de cinéma, de théâtre et de télévision, n’est autre que la voix légendaire du magnifique Paul Newman.

Aujourd’hui encore, Marc continue de toucher le cœur du public avec ses interprétations comme celle de Dumbledore de Harry Potter ou encore de Bilbon Sacquet dans le Seigneur des Anneaux. Marc Cassot nous témoigne aujourd’hui de sa passion pour son métier, avec recul et bienveillance.

« Il était une voix » : Marc Cassot

– Marc, je suis très fière de vous accueillir dans mon émission. Quelle carrière, que la vôtre ? Vous êtes comédien au théâtre, à la télévision, au cinéma et votre voix, qui a traversé le temps, est mythique puisque vous avez doublé entre autres des stars telles que : Paul Newman.

Moi, je voudrais savoir Marc, qu’est ce qui a déclenché cette passion pour le jeu, cette vocation ?

– C’est très simple, ce n’est pas venu de moi, c’est venu un peu du hasard des choses.

Il y a eu l’exode, comme vous savez, moi, je travaillais en usine pour passer mon CAP. Et il y a eu cet exode et mon père avait comme ordre d’emmener les archives d’une maison pour laquelle il travaillait, il était chauffeur routier de gros camions.

Et il a pu emmener les femmes, les enfants, mais pas nous. Il n’y avait pas assez de place. Il a dit :  » vous êtes des grands, vous prenez vos vélos (on était cinq copains) et vous nous rejoignez à Orléans. Vous traversez le pont, il y a un grand café bleu, je suis là ». Nous, on part à bicyclette, content, heureux, c’était un peu la fiesta et on traverse le pont et pas de café bleu, il avait été bombardé, il n’y avait plus de café.

Vous savez que quand ça vous arrive comme ça, et on n’avait pas pris de deuxième rendez-vous, mon père, comme je le connaissais intelligent, il m’a laissé quelque chose quelque par. On a cherché, fouiller, mais rien. Il était obligé de partir parce que ça bombardait. Et on se retrouve sans rien. Alors, j’ai recherché mes parents.

– Vous ne l’avez jamais revu votre père ?

– Si ! Il n’y avait pas de téléphone portable. Alors, pour joindre quelqu’un en Savoie, il fallait faire à peu près 4 000 kilomètres, à bicyclette, avec des repères pour venir monter à Paris. Et un jour, je ne sais pas par quel hasard, j’ai su qu’il était vers Limoges, vers Saint-Julien.

On m’a dit peut-être là-bas, on est reparti à vélo ; donc on a vécu deux mois : bombardés par les Italiens, couchant dans les fermes, dans les maisons… Cette soif de liberté est rentrée en moi et quand je les ai retrouvés, je n’avais plus envie de retourner m’enfermer dans une usine, je voulais faire autre chose. Donc, je les ai retrouvés au bout de deux mois et demi – trois mois, ma mère qui me croyait mort, on s’est retrouvés, puis voilà la vie a repris.

– Et ce désir de liberté vous a conduit à l’envie de jouer ?

– Non, pas du tout ! Mais l’envie de ne pas retourner m’enfermer dans une usine. Alors, je faisais des petits boulots, j’étais triporteur chez Païta, j’étais des tas de choses et un jour, on m’a dit : ils cherchent un type avec une bicyclette pour porter des lettres au théâtre des nouveautés. J’y vais et j’arrive au théâtre puis je vois la concierge derrière qui me dis : « au premier ». Alors je monte au premier et j’arrive dans une salle où il y avait des jeunes, comme moi, dont Pierre Cado, l’ancien chansonnier, un cascadeur que j’ai connus après et j’ai attendu là et puis à un moment, on m’a fait venir dans le bureau.

Bonjour – marchez un petit peu là !

Ah bon ! Alors, je marche.

Vous chantez à peu près juste ?

Je joue de la guitare et je chante juste, ça, je peux vous le dire.

Vous dansez un peu ?

Bien sûr ! À mon âge, on danse. Je me retrouve là sans savoir ce que c’était.

Alors, ils se regardent entre eux, ils se disent : mais il est bien ! Ça vous dirait alors de chanter et danser dans une opérette, pour faire des boys ? Ce n’est pas compliqué des boys ; vous êtes un footballeur à un moment, après vous êtes habillé, puis vous chantez. C’est parti comme ça et dans les loges ces fameux camarades me demandent : mais tu vas dans quels cours ?

 

– Alors au théâtre, impossible de citer tout ce que vous avez pu jouer Marc, vous avez travaillé avec Robert Hossein, notamment pour « Jean Paul II, n’ayez pas peur » au palais des sports de Paris, quelle aventure !

– 2500 à 3000 personnes tous les soirs.

– La voix est une dure épreuve ? Vous aviez des petits micros ?

– Pas trop ! Mais cela dit, j’ai fait des festivals sans micro, des grands festivals, donc ça m’a jamais gêné ça. J’ai eu cette chance la d’avoir une voix solide.

– Vous aviez déjà travaillé avec lui dans « Pour qui sonne le glas », vous avez travaillé avec André Charpak, Jacques Mauclair, Michel Roux, Jean Laurent Cochet, Jean le Poulain et Albert Camus.

– Camus qui est devenu un ami. Et moi, je ne suis pas fétichiste, mais j’ai sûrement la dernière lettre qu’il a écrite.

– Vous avez travaillé avec lui pour Requiem pour une nonne. Et, puis d’ailleurs, vous jouerez aussi Les Justes mis en scène par Pierre Franck. Quels souvenirs vous gardez d’Albert Camus ?

– Camus, ça c’était un coup de cœur, un peu. Il m’avait demandé pour jouer Les justes à la création et au théâtre Hébertot, le directeur lui a dit : non, il n’est pas libre en ce moment parce que je lui avais dit moi, je veux être payé un peu plus que la dernière fois.

Je lui ai dit, mais pourquoi ? Vous m’aviez demandé ? On m’a dit que vous n’étiez pas libre. Mais j’étais libre ! Ça ne m’étonne pas de…Paix à son âme.

– En même temps, ce qui devra se faire se fait.

– On est devenu ami parce que je ressemblais beaucoup à un frère qu’il a perdu. Et puis, il m’estimait bien, je crois. Et là, on est devenu amis, on mangeait ensemble de temps en temps. C’était un ami sur quatre – cinq – six ans, jusqu’à sa mort. Il était Prix Nobel pendant le Requiem, justement.

– Alors, je sais Marc que vous avez adoré jouer avec Madeleine Robinson : « Qui a peur de Virginia Woolf », c’est un très beau souvenir pour vous.

– Une pièce incroyable et un souvenir magnifique. C’est une femme formidable, magnifique.

– Vous-même, Marc, vous avez mis en scène « Une grande famille » de Jean Claude Massoulier, et puis « Des Souris et des Hommes ». Vous avez aimé mettre en scène ?

– Ah oui, ça, c’est une joie passionnante. Je n’en ai pas fait suffisamment parce que bon, j’étais pris comme acteur, mais c’était, pour moi, vraiment incroyable. « Des souris et des hommes » c’est ma pièce préférée dans toute ma carrière. D’abord, parce que j’y ai joué plus de 2000 fois, je les mis en scène deux fois et c’est un souvenir extraordinaire parce que c’était un rôle magnifique et j’ai connu Stenbeck, l’auteur qui est venu voir la pièce. Et quand on me l’a dit, j’ai dit : ne me dites pas le jour où il vient sinon je vais trembler. Alors, on ne m’a rien dit, puis un jour à la fin du spectacle, on m’a dit : Stenbeck, il t’attend au café en face.

 

Stenbeck, moi, j’adorais. Et il ne parlait pas français, moi, je baragouinais à cause du doublage un petit peu quand même l’Américain. Et avec du whisky, on a parlé pendant trois heures, un souvenir formidable.

 

– Vous dirigez, Marc, un festival de théâtre en plein air.

– Oui !

– Vous pouvez nous en parler ?

– Bah oui, j’avais une maison dans le Midi, magnifique, que j’avais faite pour mes enfants, mes petits-enfants où ils pouvaient nager dans la piscine et on l’a gardé 45 ans cette maison.

 

Monsieur Cassot, pourquoi on ne ferait pas un festival du plan de la tour. Je lui ai dit : je venais pour me reposer, mais j’ai accepté finalement. Et comme ça a bien marché, on m’a redemandé.

Je leur ai dit : c’est la dernière fois ! Et on vient de fêter les 20 ans de ce festival.

– 20 ans ! C’est beau !

– Et là, cette année, je vais peut-être jouer une pièce pour les 22 ans du festival.

– Magnifique !

– Alors, au cinéma et à la télévision, vous tournez également beaucoup.

Pour le cinéma, vous retrouvez d’ailleurs André Charpak : pour « Le Crime de David Levinstein » et Robert Hossein pour « Le jeu de la vérité ». Vous tournez avec Edouard Molinaro pour « La mort de Belle », « Le Grand Pavois » de Jacques Pinoteau, le frère de Claude. Vous déclarez : « j’ai vécu sur ce bateau comme un jeune officier de marine ».

– Oui, ce qui est un peu bizarre, c’est ce que, j’en parle souvent aux jeunes qui le demande, on ne fait rien pour que les choses se passent. Si j’ai fait ce film qui a duré presque un an, je suis parti aux Etats Unis, je suis parti sur le croiseur Jeanne d’Arc et je les fais parce que le metteur en scène, qui me connaissait du théâtre, il n’avait pas pensé à moi.

Et il m’a vu parce que j’aimais le football, lui aussi, on était en finale ensemble de football, le championnat de France et il m’a aperçu dans le stade et s’est dit : mais c’est Marc ! Il a essayé de me joindre, mais il n’a pas pu. Il m’a appelé et me dit :

Marc, ne me dis pas que tu es pris dans un mois ?

Pourquoi tu me dis ça ?

J’ai besoin de toi, il faut que tu viennes avec moi !

Attends, moi, je suis sur une pièce,

Non-non, refuse, c’est un film, on en a pour six – huit ou dix mois.

– C’est incroyable !

– Le rôle principal, tu vas naviguer sur la Jeanne d’Arc, tu vas aller à Cuba…. Alors, je m’arrange et vous n’avez pas connu parce que c’est une très ancienne actrice Jeanne Yolt, une déjà très bonne actrice et qui m’a dit : il ne faut pas rater ça, on va trouver quelqu’un ! Et j’ai fait ce truc.

 

Sur le bateau, je faisais un plan tous les deux jours. Un plan, parce qu’on m’avait juste emmené sur le bateau pour le situer. Le film s’est fait après. On était à Cuba, machin, dans la Martinique et après, on est rentré en studio. Tout ça pourquoi ? Parce que quelqu’un m’a aperçu à un match de foot un jour. Les jeunes d’aujourd’hui, allez voir vos copains au théâtre, sortez, puis travaillez, apprenez des textes… Apprenez-les même si vous n’avez pas envie.

– Le cinéma français, vous en êtes fan aujourd’hui ?

– Pour certains films, oui.

– Vous trouvez qu’il a bien évolué ?

– Oui ! Certes, il y a des périodes tout d’un coup, comme en ce moment, une période de jeunes qui sortent des trucs magnifiques.

– Vous êtes fan de quoi, de quels cinémas aujourd’hui ?

– Moi, je peux pleurer sur un film. Donc, si le film est bien fait et qu’elle a une histoire qui me touche, je pleure puis je peux rire. Si ça m’indiffère, je fais partie des césars.

– Vous en voyez beaucoup alors ?

– Je ne les vois pas tous, je regarde un quart d’heure, je pousse, je vois si je suis accroché.

 

 

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