MÉDITATION GUIDÉE pour se détacher de ses pensées de Christophe André
Pour travailler sur mes pensées je vais d’abord me tourner vers tout le reste.
Ma respiration par exemple.
Je prends un moment pour me connecter à mon souffle.
Puis, du mieux que je peux, je prends aussi conscience de l’ensemble de mon corps, tel qu’il est, ici et maintenant.
Et puis, tout doucement, je vais accueillir en ma conscience tous les sons qui m’entourent.
Je laisse mon corps respirer, ressentir, écouter, encore et encore.
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Et à un moment, inéluctablement, je partirai dans mes pensées.
Le vagabondage de la pensée est normal.
Il n’est pas un signe d’échec de ma méditation.
Il n’est pas un élément indésirable, qu’il faudrait peu à peu supprimer.
Non. Le vagabondage de la pensée, le bavardage de l’esprit, tout cela c’est un phénomène normal.
Normal et habituel, tellement habituel que je l’oublie et que du coup, je fusionne avec mes pensées, je les confonds avec la réalité.
La pleine conscience me permet d’observer clairement ce phénomène, et de m’entrainer, tranquillement, à davantage de recul envers le bavardage de mon esprit.
Alors, dès que je réalise que je suis parti, ou reparti, dans le mental, dès que je réalise que je ne suis plus centré sur l’instant présent mais en train de planifier, de prévoir, de ruminer, de ressasser, d’imaginer, de juger, dès que je réalise que je suis sorti de la pleine conscience et de l’exercice, dès que je prends conscience de tout cela, alors je m’arrête et je reviens à moi.
Le vagabondage de mon esprit n’est pas un problème.
Il est une occasion de comprendre et de travailler.
Quand je vois que j’ai quitté l’exercice pour suivre une pensée, je suis déjà revenu dans l’exercice.
J’ai pris conscience que j’en étais sorti.
Ce mouvement de distraction et de retour à la pratique est le meilleur des entrainements.
Il est la base de la pleine conscience.
Plus je médite, plus je le sais.
Cette dispersion n’est pas un obstacle mais un cadeau précieux, un rappel permanent de la manière dont fonctionne mon esprit.
Certaines de mes pensées et de mes émotions sont si convaincantes et si puissantes qu’elles se présentent comme la réalité elle-même.
Si une pensée me dit: « Je n’y arriverai pas », alors je réagis comme si c’était vrai.
Et mon corps, mon cœur, réagissent comme si c’était vrai.
Si une émotion d’angoisse ou de désespoir me submerge, si j’ai le sentiment que c’est la catastrophe, alors je réagis comme si c’était vrai.
Mon corps et mon cœur réagissent, là encore, comme si c’était vrai.
Et cela me fait souffrir.
Mais souvent, mes pensées et mes émotions se trompent, et me trompent, très souvent.
La pratique de la pleine conscience m’aide à considérer mes pensées comme j’ai considéré mon souffle, les sensations de mon corps, ma réaction aux sons.
Beaucoup de mes pensées sont des phénomènes qui vont et viennent, apparaissent et disparaissent, si je me contente de les observer.
Tout comme j’observe des nuages qui passent dans le ciel, des feuilles qui courent sous le vent, je peux observer mes pensées.
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Après l’exercice, je garderai en moi ce rapport amical de curiosité et de bienveillance, mais aussi de prudence et de distance avec mes pensées.
Les automatismes de mon esprit peuvent à la fois m’aider et me tromper.
Je vais juste m’efforcer d’être plus souvent dans la conscience de cela.